Introduction
Le terme “crise autistique” est souvent mal compris, en particulier chez l’adulte autiste diagnostiqué tardivement. On l’associe à tort à de la colère, de l’instabilité émotionnelle, voire à un manque de maturité. Pourtant, ce que l’on appelle “crise” dans l’autisme n’a rien à voir avec un débordement volontaire : il s’agit de réactions neurologiques involontaires face à une surcharge brutale ou accumulée.
Ces crises peuvent prendre deux formes d’expression distinctes : le meltdown, une extériorisation, et le shutdown, une intériorisation. Elles sont souvent mal interprétées, invisibilisées, ou confondues avec autre chose.


Dans cet article, je vais vous expliquer concrètement ces mécanismes et vous partager en complément mon expérience des crises autistiques. Je suis Geoffrey Sahuquet, pair aidant autiste diagnostiqué tardivement à 31 ans. J’accompagne aujourd’hui d’autres adultes autistes confrontés à ces mêmes situations afin de leur permettre de mieux comprendre leur singularité et reprendre le contrôle.
Ce qu’on appelle “crise autistique” : de quoi parle-t-on ?
Comprendre ce que signifie une “crise autistique” chez l’adulte
Le mot “crise autistique” est souvent utilisé à tort, en particulier quand il s’agit d’adultes. On l’associe à des accès de colère, à des blocages émotionnels, voire à un comportement excessif ou inadapté. On évoque parfois une crise de colère, une dépression, ou un burn-out, sans toujours comprendre ce qu’il se passe réellement.
Dans les faits, les crises autistiques sont des réactions neurologiques involontaires à une surcharge — sensorielle, émotionnelle, cognitive ou sociale. Elles ne relèvent ni d’un choix, ni d’un défaut de caractère, mais d’un seuil de tolérance dépassé, que la personne ne peut plus compenser.
Chez l’adulte autiste, ces crises prennent deux formes d’expression :
Ces formes sont encore mal reconnues et mal comprises, d’autant qu’elles peuvent varier fortement selon le contexte, la personne et son état au moment où elles surviennent.
Ce que je croyais savoir sur les crises avant mon diagnostic
Pendant longtemps, je pensais que mes réactions venaient d’un fort caractère, d’une forme d’intensité difficile à canaliser, ou simplement d’un manque d’endurance face à la pression. Je croyais que je me laissais parfois déborder par le stress, la fatigue, l’accumulation.
On me décrivait comme “sanguin”, “trop impliqué”, “très sensible”. J’avais fini par intégrer ces étiquettes comme des traits de ma personnalité, sans imaginer qu’il pouvait y avoir autre chose à comprendre derrière.
Et que cette saturation, personne — pas même moi — n’avait su la nommer jusque-là.
Le meltdown autistique : quand tout explose
Comprendre le meltdown autistique
Le meltdown, ou effondrement autisitque, est une forme de crise autistique particulièrement visible, qui se manifeste par un débordement externe soudain ou progressif. Il peut survenir à la suite d’une surcharge intense — sensorielle, émotionnelle, cognitive ou sociale — que la personne ne parvient plus à canaliser.
Dans ces moments, le corps et l’esprit réagissent avec force, voir violence : cris, gestes brusques, propos injurieux, agitation, pleurs. Il ne s’agit ni d’une crise de colère, ni d’un caprice, ni d’un manque de maturité. Le meltdown n’est pas volontaire. C’est une réaction neurologique incontrôlable, un mécanisme de saturation qui explose sans retenue.
La durée d’un meltdown autistique est variable. Parfois, il ne dure que quelques minutes. D’autres fois, il s’installe plus longuement, avec des phases successives de tension, d’effondrement, puis d’épuisement. Pour les personnes concernées, les signes avant-coureurs sont souvent connus (irritabilité, crispation, hypersensibilité), mais difficiles à verbaliser ou à désamorcer à temps. Et pour l’entourage, il peut être très difficile à comprendre — ou à gérer — quand il survient.
Ce que je vis quand je fais un meltdown
Quand un meltdown se déclenche, c’est immédiat. Je perds toute capacité à filtrer. Mon système se coupe du reste du monde pour ne gérer qu’un seul objectif : évacuer ce trop-plein devenu insupportable.
Dès le début de la crise autistique, je sens la pression monter dans mes tempes, comme si ma tête allait éclater. Mes bras picotent, mes joues chauffent, mon cœur cogne à faire bouger mon t-shirt. Mes mains tremblent. Je suis en hypervigilance. Chaque son, chaque mouvement, chaque lumière semble m’agresser de plein fouet.
Je n’arrive plus à réfléchir sereinement. Je perds mon sang-froid, je monte dans les tours en quelques secondes. Je deviens agressif verbalement, parfois très durement. Il m’est aussi arrivé de frapper du poing sur une table. Mes yeux sont en larmes, mais ce n’est pas un chagrin — c’est la pression qui déborde physiquement.
Je me vois faire, je sais ce qui est en train de se passer, mais je ne peux plus me retenir. Ce n’est pas pour blesser. C’est parce que je n’ai plus aucun espace pour contenir quoi que ce soit.
Le shutdown autistique : quand tout s’arrête
Comprendre le shutdown autistique
Le shutdown, ou repli autistique, est une forme de crise autisitique souvent silencieuse, plus discrète que le meltdown, mais tout aussi intense de l’intérieur. Là où le meltdown explose vers l’extérieur, le shutdown intériorise jusqu’à la mise en pause. C’est un ralentissement interne provoqué par une surcharge — Là aussi sensorielle, émotionnelle, cognitive ou sociale — que la personne n’arrive plus à traiter.
Il peut se manifester par un retrait, une difficulté à s’exprimer — jusqu’au mutisme temporaire—, une immobilité partielle, une fatigue extrême. Ce n’est pas volontaire. Ce n’est pas non plus un refus de communiquer ou de participer. C’est une forme de protection : le cerveau met tout en pause pour ne pas s’effondrer. C’est comme être, tout à coup, débranché.
Le shutdown autistique est souvent mal interprété : on pense à de la paresse, du désintérêt, une “baisse de motivation”. Pourtant, il peut durer plusieurs heures, voire plusieurs jours, sans qu’on en voie les signes de l’extérieur. Et parce qu’il ne laisse pas de traces visibles, il passe souvent inaperçu — y compris pour la personne qui le vit, en particulier si elle a reçu un diagnostic tardif de l’autisme.
Ce que je vis quand je suis en shutdown
Quand je suis en shutdown, tout ralentit, tout devient abstrait et lointain. Je me sens extrêmement faible. Je n’ai plus de force. Même rester debout peut devenir difficile, comme si chaque geste demandait trop d’énergie.
Ma tête se vide peu à peu. J’ai du mal à penser, à formuler des idées claires. Parler devient un effort : chaque mot me coûte. Je me replie sur moi-même, je coupe les interactions. Pas par volonté de fuir, mais parce que je n’ai plus les ressources pour continuer.
De l’extérieur, je peux sembler juste très fatigué ou un peu absent. Mais à l’intérieur, c’est une véritable coupure. Tout se met en veille pour éviter de saturer davantage. C’est une réponse de protection, pas un retrait volontaire.
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Deux formes de saturation, un même mécanisme
Meltdown et shutdown : deux réactions à une surcharge
Le meltdown et le shutdown sont souvent décrits comme deux formes très différentes, voir opposées, de crise autistique. Mais au fond, ils partent du même point : une saturation du système. Cette saturation peut être sensorielle (bruit, lumière, odeur), émotionnelle (injustice, conflits, imprévus) ou cognitive (trop d’informations, trop d’efforts de compréhension, surcharge mentale) ou social (camouflage social ou "masking").
La façon dont cette surcharge s’exprime dépend de nombreux facteurs : l’état physique ou émotionnel du moment, le contexte, les antécédents récents, la capacité à compenser. Ce qui provoque un meltdown chez un adulte autiste peut, dans un contexte similaire, entraîner un shutdown chez un autre.
Aucune de ces deux crises autistiques n’est plus “grave” que l’autre. Ce sont juste deux réponses d’un même mécanisme de protection propre à chacun et chacune.
Ce que j’ai compris en distinguant les deux formes de crise autistique
Avant, je mélangeais tout. Je ne comprenais pas pourquoi, dans certaines situations, je partais dans les tours, alors que dans d’autres, je me coupais complètement. Je croyais que c’était lié à l’intensité de ce que je vivais, ou simplement à mon humeur du jour.
C’est en posant les mots meltdown et shutdown que j’ai compris qu’il s’agissait de deux expressions différentes d’un même phénomène : la saturation. Mais leur forme, leurs déclencheurs, et la manière dont je les vis — comme celle dont elles impactent mon entourage — sont très différentes.
Aujourd’hui, je sais mieux reconnaître et distinguer les signaux qui me sont propres à chacune des crises. Je peux ajuster mon rythme, aménager mon environnement, et installer des temps de récupération adaptés. Je ne peux pas toujours empêcher la crise, mais je peux la traverser sans m’y perdre.
Ce qui déclenche une crise autistique
Identifier les déclencheurs fréquents d’une crise chez l’adulte autiste
Les crises autistiques n’arrivent jamais sans raison, mais elles ne sont pas toujours faciles à anticiper. Elles sont déclenchées par un trop-plein, un cumul de contraintes, de stimulations ou de tensions que la personne autiste ne parvient plus à gérer ou à compenser.
Parmi les facteurs déclenchants les plus fréquents, on retrouve :
Les signes précurseurs sont parfois discrets, mais identifiables : fatigue soudaine, irritabilité, brouillard mental, baisse de fluidité verbale, tensions sensorielles précises.
Ce n’est pas toujours possible de stopper la crise autistique à temps, mais on peut apprendre à identifier les situations à risques et signaux annonciateurs afin de mieux s’y préparer ou, tout simplement, les éviter si nécessaire.
Ce que je repère comme déclencheurs d’un meltdown
Le déclencheur le plus radical pour moi, ce sont les bruits de mastication, en particulier les chewing-gums. Je n’ai même pas besoin de voir la personne : je le sens , je l’entends, et je ne peux plus me concentrer sur autre chose. Mon cerveau se focalise dessus et je rentre en hypervigilance.
La pression monte d’un coup. Mes tempes bourdonnent, j’ai des fourmis dans les joues et les bras. Mon cœur cogne si fort qu’il fait bouger mon t-shirt. Mes mains tremblent. Je perds toute patience. Il ne reste plus d’espace en moi pour contenir quoi que ce soit. Et ça explose.
Ce que je repère comme déclencheurs d’un shutdown
Le shutdown, chez moi, monte lentement, mais je le sens venir petit à petit. Les premiers signaux arrivent fréquemment dans les transports en commun ou les centres-villes bondés. La lumière vive me pique les yeux. Les bruits aigus me percent les tympans. Et surtout, les odeurs — déodorants, parfums, pollution, gaz d’échappement — me piquent le nez, me donnent la nausée, des vertiges, parfois même des maux de tête.
Je me sens comme oppressé, étouffé par l’environnement. Tout devient trop. Je commence à perdre mes mots, mes pensées se brouillent, je n’arrive plus à formuler une réflexion claire. Et à un moment, je décroche. Je me sens vide et faible, comme si je n’avais pas dormi depuis plusieurs jours.
Le burnout autistique n’est pas une crise autistique
Comprendre le burnout autistique et ses spécificités
Le burnout autistique, ou épuisement autistique, n’est pas une crise autistique à proprement parler, mais une conséquence de ces dernières. C’est un état prolongé d’épuisement profond, souvent invisible, qui s’installe lentement après une accumulation de surcharges non reconnues. Il peut faire suite à des enchaînements de meltdowns ou de shutdowns mal identifiés, mal accompagnés, ou tout simplement trop fréquents pour permettre une récupération réelle.
Contrairement au meltdown ou au shutdown, le burnout ne se manifeste pas de façon spectaculaire. Il érode doucement les ressources physiques, émotionnelles et cognitives jusqu’à provoquer un effondrement général. On continue de fonctionner en apparence, mais tout devient mécanique, vidé de sens.
Chez les adultes autistes, ce burnout est souvent confondu avec de la paresse, un manque de volonté ou une forme de dépression. En réalité, il s’agit d’un état d’épuisement spécifique, lié à un fonctionnement qui n’a pas été respecté, dans un environnement qui exige trop, trop souvent, et sans pause.
Ce que j’ai vécu pendant mon burnout
Je continuais à fonctionner en apparence, mais j’étais vidé de l’intérieur. Je faisais ce qu’on attendait de moi, mais sans plus rien ressentir. Tout était devenu mécanique. J’étais comme déconnecté de moi-même, en mode automatique.
Les crises autistiques s’enchaînaient, chaque jour ou presque. Je tentais de compenser par du sport intensif, du camouflage social, une mobilisation constante de ma batterie sociale... Mais je m’épuisais de plus en plus. En deux mois, je suis tombé dans profond un état d’épuisement autistique.
J’avais constamment des acouphènes assourdissants. Je dormais mal, en plus d’être insomniaque. Même le repos ne me reposait plus. J’ai perdu sept kilos en quelques semaines, sans changer mon rythme de vie. Je n’avais plus de motivation, plus d’envie, plus de lisibilité sur ce que je faisais là. Plus rien ne faisait sens.
Et pourtant, personne ne s’en rendait compte. De l’extérieur, je travaillais, je répondais, je souriais encore. Je semblais simplement très fatigué par moments. Je me disais : « Je vais m’y faire, ça passera avec le temps ». Sauf que ça n’est jamais passé. Pire : ça empirait de jour en jour.
C’était simplement un environnement qui n’était pas du tout adapté à mon fonctionnement — et qui m’épuisait à petit feu.
Ce n’est qu’après cet épisode que j’ai reçu mon diagnostic tardif de l’autisme, à 31 ans, qui m’a enfin permis de mieux comprendre ma singularité et d'avancer.
Peut-on prévenir les crises autistiques ?
Adapter son quotidien pour réduire les crises
Il n’est pas toujours possible d’éviter une crise autistique, mais on peut en limiter la fréquence et l’intensité en travaillant sur deux leviers : la connaissance de soi et l’adaptation de son environnement.
Avec le temps, de nombreux adultes autistes apprennent à repérer les signes faibles qui précèdent un effondrement : fatigue inhabituelle, confusion, tension corporelle, besoin de fuir sans raison apparente. Ce sont des indicateurs précieux, qu’on n’apprend pas toujours à écouter dès le départ.
Créer un quotidien plus prévisible, avec des routines souples mais stables, une bonne organisation, et des marges de récupération peut faire une réelle différence. Il est aussi souvent nécessaire d’aménager ses intéractions sociales, d’éviter les enchaînements sans pause, et de se protéger des environnements désorganisés ou imprévisibles.
Prévenir une crise autistique, ce n’est pas vivre dans le contrôle permanent. C’est plutôt apprendre à se connaître suffisamment pour préserver une stabilité intérieure, même dans un environnement instable. Avec de la pratique et du recul, il devient de plus en plus simple d’identifier les signaux d’alerte.
Ce que je fais pour limiter les meltdowns
Pour limiter les meltdowns, j’anticipe les situations qui risquent de me mettre en surcharge pouvant mener à la crise autistique. J’ai toujours une paire de bouchons anti-bruits (j’utilise les EarPeace) sur moi. Je les utilise dès que je sens qu’un bruit devient trop envahissant, notamment dans les transports ou les salles d’attente, où certaines personnes mâchent un chewing-gum sans aucune discrétion.
J’évite systématiquement de m’asseoir à côté de quelqu’un qui mâche bruyamment, surtout la bouche ouverte. Je repère rapidement les gestes ou les sons associés, et je change de place discrètement. J’ai appris à ne pas attendre que la tension monte : je me protège avant que ça ne déborde.
Je fais aussi du sport intensif plusieurs fois par semaine, ce qui m’aide à mieux supporter les petits imprévus du quotidien, faisant office de régulation physique.
Ce que je fais pour limiter les shutdowns
Quand je dois me rendre dans un centre-ville bondé ou prendre les transports en commun, j’anticipe systématiquement. Je choisis des horaires calmes, et je porte, si la météo le permet, des vêtements qui recouvrent tout mon corps. J’ai toujours mes bouchons d’oreilles à portée de main, et je sors mes lunettes de soleil si la lumière devient trop vive.
Dès que je rentre, je file sous la douche. J’ai besoin d’effacer cette sensation de surcharge sensorielle, de « crasse » invisible. Ensuite, je m’isole dans une pièce calme, sans aucune sollicitation. Même une courte pause comme celle-là m’aide à éviter que le shutdown ne s'étende.
Comment gérer et sortir d’une crise autistique ?
Après un meltdown : retrouver son équilibre
Une fois le meltdown passé, la personne peut sembler calme à l’extérieur, mais rester encore très tendue à l’intérieur. L’épuisement est souvent total. Ce n’est pas encore le moment de relancer des discussions, de demander une explication ou de revenir sur ce qui vient de se produire.
Le corps a besoin de libérer ce qui reste de tension : certains préfèrent marcher, courir, bouger. D’autres préféreront s’allonger, s’isoler, être au calme. Il faut retrouver un espace familier, sans bruit, sans attente. La récupération est d’autant plus rapide qu’elle n’est pas perturbée.
Ce que je vis après un meltdown
Dès que la crise est traversée, je dois me dépenser. J’ai besoin de me défouler et d'évacuer ce qu’il reste en moi de frustration: marcher vite, faire du sport, m’aérer. Je ne peux pas rester figé.
Je ne veux pas qu’on me parle. Je ne veux pas qu’on me touche. Même si la tension est retombée, je suis encore à vif. Le simple fait de savoir que je vais pouvoir bouger, être seul, sans explication à donner, m’aide déjà à traverser la crise. C’est cette perspective qui me permet de tenir.
Après un shutdown : régénérer ses ressources
Le shutdown laisse moins de traces visibles qu’un meltdown, mais il peut demander bien plus de temps pour retrouver ses forces. Ce n’est pas une tension à faire redescendre, mais une énergie à reconstruire. Le cerveau a suspendu certaines fonctions pour survivre à la surcharge, et il faut maintenant lui permettre de se recharger en profondeur.
Pour sortir de cette crise autistique, la personne autiste a besoin d’un environnement stable, sans pression, sans relance. Le corps est faible, ralenti. Parler, réfléchir, même se lever peut sembler trop. C’est la régénération qui compte, pas la stimulation.
Le retour se fait en douceur : parfois en quelques heures, parfois en une journée entière. Ce qui aide le plus, c’est l’absence d’attente et la certitude qu’on ne sera pas dérangé.
Ce que je vis après un shutdown
Quand je sors d’un shutdown, je me sens vidé, comme si j’avais été débranché. Je n’ai pas encore récupéré mes capacités normales, et pourtant, on pourrait croire que je vais mieux. Mais en réalité, tout reste fragile.
Je prends une douche chaude, puis je termine par de l’eau froide pour reprendre le contrôle sur le plan sensoriel. Ce contraste m’aide à me recentrer, à retrouver mes sensations. Ensuite, je m’isole : pas forcément longtemps, mais complètement. Pas de parole, pas de sollicitation. Juste du silence et du calme.
C’est seulement après cette vraie coupure que je me sens à nouveau moi-même. Tant que je ne suis pas allé au bout de ce temps de récupération, la moindre interaction reste trop coûteuse. Le fait de savoir que cette pause existe, que je vais pouvoir l’avoir, m’aide déjà à traverser la crise avec un peu plus de sécurité intérieure.
Conclusion
Les crises autistiques ne sont pas des comportements “anormaux” à corriger ou à cacher. Ce sont des manifestations neurologiques involontaires, qui surviennent quand le système est dépassé, saturé, trop sollicité. Elles sont là pour vous alerter et vous protéger.
Mieux les comprendre permet d’arrêter de les confondre avec de la faiblesse, de l’instabilité ou de l’exagération — véritablement soulagement pour un adulte autiste diagnostiqué tardivement. Cela permet aussi, progressivement, de les vivre sans honte, et de reconnaître leurs déclencheurs, leurs formes, leurs conséquences.
Quand on est un adulte autiste, se connaître, c’est aussi apprendre à préserver son équilibre, à poser des limites réalistes, à prévoir des espaces de récupération. On ne peut pas tout éviter, mais on peut faire en sorte de mieux traverser ces moments sans culpabiliser.
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